Ironman Switzerland – July 2nd, 2006


 

 

*** THE DAY BEFORE

 

Arrivé le vendredi soir à Strasbourg en train, le trajet Strasbourg – Zurich se fait tranquillement en voiture avec mon papa.

Direction le village Ironman, au bord du lac de Zurich, à 4 km du centre-ville, où se trouve aussi le départ et l’arrivée de la natation, le parc à vélo, et la mythique finish-line avec le célèbre "M dot", le M rouge avec le point au-dessus, que tout le monde espère franchir le lendemain …

Tout est bien organisé, je reçois mon dossard, les goodies, les numéros à mettre sur le vélo, le casque, etc. Je repère un peu les lieux, et je passe voir les exposants de matos : vélos magnifiques, les nouveaux modèles de combi, les piscines d’intérieur pour s’entraîner à nager le crawl chez soi (!), le textile… bref tout pour faire chauffer la carte bleue. Passage à l’hôtel au centre-ville, déjeuner avec des pâtes comme toujours depuis le début de la semaine, et petite visite de la ville, charmante. Les gens se baignent dans le lac, les voiliers blancs sont sortis, il fait très beau et chaud, ça promet une bonne et chaude ambiance pour demain, le parcours à pied passant sur la promenade le long du lac à quelques pas du célèbre hôtel Baur au Lac.

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Je prends mon vélo pour retourner au village Ironman pour le bike check-in : les français se font vérifier leur matériel à 18h30. Je découvre ma place dans le parc à vélo, entouré de français qui me donnent les derniers conseils. J’ai rempli mes bidons de boisson énergétique et d’eau, accroché mes barres énergétiques au cadre. La vue du parc à vélos est impressionnante : presque 2000 vélos alignés, la plupart superbes. Je fais un tour pour voir les plus beaux, et je découvre qu’il y a quand même quelques vélos moins bien que le mien, ouf ! Mais vraiment pas beaucoup…

 

Dernier repas de pâtes sur une place ombragée de Zurich, puis je fais mes sandwichs pour la course (pain aux céréales, emmental, jambon, mmmmh !) en regardant la France battre le Brésil.

Dodo vers 23h30.

 

*** THE RACE

 

 

5h… dringgggg… debout… Petit déjeuner au Gatosport avec de l’eau agrémentée de glucides lents en poudre. Miami miam.

 

Programme du jour : un Ironman !

 

5h45 dans le parc à vélo pour déposer les chaussures, chaussettes, cuissards, débardeur, casquette, casque, crème solaire, crème anti-frottement et autre maillot vélo. Dernier gonflage des pneus, l’ambiance est fébrile, je n’ai jamais vu autant de personnes debouts à 6h du matin ! Je prépare tout dans l’ordre où les choses vont me servir, sachant pertinemment que ce sera le bordel dès que je commencerai à me changer…

Tout est prêt. Je ressors du parc, jette un dernier coup d’œil à mon vélo en espérant ne pas devoir abandonner sur casse mécanique, et pars aux vestiaires me changer. J’enfile ma combinaison néoprène, je sens que le départ approche, que c’est maintenant, aujourd’hui, que je vais me jeter dans un lac pour nager 3.8 kms.

L’ambiance est sympa, un américain m’aide à fermer ma combi, je mets de la crème autour du cou pour éviter les frottements, et je ressors avec mon bonnet jaune à la main. Je me dirige vers le départ avec 1800 autres nageurs…

Je mets mon bonnet, mes lunettes, fais quelques mètres en crawl pour m’habituer à la température de l’eau et m’échauffer légèrement.

Ca y est, on prend place sur la plage. Je visualise les bouées, le parcours étant une sorte de rectangle à parcourir deux fois, avec un passage autour d’une île où il y a du public.

Un hélico est en stationnaire au-dessus de l’eau, les zodiacs et les kayaks des sauveteurs et arbitres se mettent en place. Le stress est à son maximum, le speaker chauffe les athlètes et le public. Ca y est, ça va partir…

Il est 7h du matin, et pan ! Le départ est donné. Impressionnant. Je rentre dans l’eau, et emporté par le flot de nageurs, me mets en route. Beaucoup de monde, mais ça ne bouscule pas trop, j’essaie de rester dans le rythme des gens autour de moi. Quelques coups, les lunettes tiennent en place, j’ai aucune idée d’où on va mais je suis le mouvement

 

J’ai tendance à dévier à droite, mais je me repère sur les gens sur mes côtés et espère ne pas faire de la distance inutile. Je sens un mouvement vers la droite, je lève la tête, je vois la première bouée, ça se densifie quand on la contourne, on va aller parallèle au rivage maintenant. Ca se passe bien, j’ai l’impression de ne plus être au milieu du groupe mais bon. Là je repère bien la bouée, et j’arrive direct sur elle. Du coup je suis à l’intérieur du virage, et je me rends compte que je suis bel et bien au milieu du paquet, ca bouscule à fond, mais ça me rassure, jene suis pas derrière ! Maintenant direct le rivage, plus précisement le passage entre l’île et le rivage. Ca avance bien ,je n’ai pas l’impression de me fatiguer trop, et on arrive au bout d’une trentaine de minutes à cette île avec le pont sur lequel sont perchés plein de gens avec des crécelles, sifflets. Ca fait du bien au moral, le passage est étroit, on est un peu les uns sur les autres.

Et on repart pour la deuxième le deuxième tour, un peu plus long car on repasse via la première bouée, donc on nage à 45° par rapport au rivage. Ca me parait durer un peu plus longtemps (normal !), je suis bien, le retour se fait bien, mais ca commence à faire long, et j’ai un peu la tête qui tourne quand je reviens vers l’île à coté de laquelle est la sortie. J’ai toujours l’impression d’être bien entouré, on arrive, le bruit des supporters parvient à nos oreilles, on commence à contourner l’ile, certains se relèvent, je continue à nager jusqu’aux bénévoles, je donne ma main, je me fais hisser sur le plan incliné, je reprends mes esprits en trottinant, l’ambiance est géniale, je regarde ma montre, 1h12, au-delà de toutes mes espérances ! 951è temps.

 

Arrivé auprès de mon vélo, pas mal de monde est déjà parti quand même, j’avale un bout de sandwich, j’enfile ma tenue de cycliste, un peu d’eau, de crème solaire, et c’est parti ! Transition en 7 minutes, parfait pour moi.

Je sors du parc, j’enfourche le vélo pour 180kms avec 3 boucles et 1500m de dénivelé positif.

Ca commence par 20kms de plat, je me mets en position aéro autour de 33km/h, je bois tous les 5kms, je me fais énormément doubler par des gars sur des vélos de dingue avec des roues à bâtons, shifters sur prolongateur et autres… Mais il y a aussi des gens comme moi qui y vont cool, ça me rassure. Le temps passe vite, et on arrive au début de la première difficulté, 200m de dénivelé sur 5kms, au soleil. Heureusement il n’est que 8h. Premier ravitaillement, super bien organisé, on vous tend plein de bidons différents (eau, coca, isostar, …) et des barres, bananes, gels énergétiques. Je change mon bidon d’eau et continue. Première descente à 65km/h sur 2kms, ça fait du bien, et on repart pour la deuxième difficultés, une longue côte de 6kms avec à nouveau 200m D+. Deuxième ravito en haut, et c’est parti pour une descente de fou furieux, avec des dingues qui doublent encore. Je décide de ne pas dépasser le 65km/h, car une chute serait dommage. Certains sont de vraies fusées ! 10kms sur le plat à manger mon sandwich en position aéro, et on arrive à la dernière difficulté, une bosse de 1km à 10%. Enormément de public, les gens à côté comme un col du tour de France, un speaker qui gueule les noms et pays des gens en les encourageant, et on arrive en haut, au dernier ravito. Bienvenue à HeartBreak Hill ! Reste 5kms de descente et plat pour rejoindre le départ. Premier tour bouclé en 2h08.    

Velo

 

Deuxième boucle, je me fais toujours un peu doubler, j’en rattrape d’autres, de ce côté ça va. Les 20kms de plat me paraissent long, et sans faire attention je me prends un trou dans la chaussée. Ma roue fait un bruit à chaque tour, grrrr. Je continue un peu, attaque la montée, et après le premier ravitaillement décide de jeter un coup d’œil. J’ai deux rayons desserrés, je décide de réparer ça proprement en dévoilant un peu la roue, ça me prend une dizaine de minutes, pipi compris, et je repars. Ca aurait pu être pire ! Il commence à faire chaud, l’ambiance est sympa dans les coins qu’on traverse, après mon coup de moins bien sur le plat, je prends plaisir dans la montée, et le paysage est très joli. Le retour sur le plat et la fin du tour est tranquille, je me dis que ca devrait rentrer dans les temps (barrière horaire de 10h natation + vélo).

Lors de mon deuxième passage à HeartBreak Hill, je me fais doubler par le leader de la course. Il me met donc un tour ! Deuxième tour bouclé en 2h20, je suis content.

Dernier tour. Mentalement, plus facile que le second je trouve, et sur le plat je vais mieux, mon compteur a dépassé les 120kms, je sais que je finirai le vélo. J’essaie de manger et boire un maximum, et je finis mon troisième sandwich. Je me force à vider le bidon d’eau entre chaque ravitaillement, car le risque est de ne pas assez s’hydrater sur le vélo et d’être pris de crampes sur la course à pied…Dernière montée, je commence à avoir bien vraiment chaud, je rattrape quelques personnes qui commencent à souffrir, et finis en discutant avec un américain très sympa, qui me traite de « virgin » de l’Ironman 😉 Dernière descente où je prends de l’assurance, je mets un peu la gomme sur le plan, il y a peu de public pour mon dernier passage à HeartBreak Hill. Je boucle ce dernier tour en 2h16, et ca me fait 6h44 sur le vélo, je suis très content. 1376è place.  

Arrivé dans le parc, je me change complètement, enfile mes chaussures de course avec des nouvelles chaussettes, et c’est parti ! Transition en 6 minutes, nickel. Je calcule qu’en faisant un marathon en 3h50, je peux passer sous les 12h, ça serait incroyable. Pour cela, il me faut courir en 5’25 au kilomètre. Ca me parait faisable, cela fait 57′ au tour (il y a 4 tours). Je pars donc sur ces bases et double pas mal de monde. On passe sur la plage, puis dans un petit parc, puis le long des quais aller-retour. Je bois du coca aux stands tous les 2 kms, il fait incroyablement chaud, certaines portions sont sans ombre et on passe son temps à s’asperger d’eau sur le visage. Je boucle en forçant un peu le premier tour 5’05 au kilo, parfait.

Je continue deux kilomètres à cette allure, et la chaleur est telle que je me rends compte que je ne tiendrai pas. Impossible de manger, même les gels, l’estomac est malmené, on m’avait prévenu. Je décide d’abandonner l’objectif de 12h, vraiment risqué vu mon état, et décide de profiter de la course et être dans les 12h et quelques. Moins de 13h par contre.

Gros coup de fatigue au 15è kilomètre, un bénévole me propose du bouillon au ravitaillement, il parait que ca aide au niveau des sels minéraux perdus pendant les 10h d’effort précédant et que ca aide l’estomac à se remettre, je tente, c’est pas bon du tout, chaud (comme une soupe quoi !) mais je me force. Je décide de finir en enchaînant bouillon et coca à chaque ravitaillement. Je me jure de ne pas marcher en dehors de ravitaillement, et boucle ce deuxième tour en 1h09. Je décide de garder cette vitesse jusqu’à la fin, cela me convient, c’est du 10km/h environ.

La chaleur fait marcher de plus en plus de monde parmi ceux, comme moi, qui ont encore 20kms à parcourir. A chaque tour, on reçoit un bracelet de couleur au poignet qui différencie les gens, et quand on court à côté de quelqu’un, on regarde immanquablement son bras, combien de bracelets il a. Même ceux avec 4 bracelets ne me semblent pas courir très vite, je suis vraiment étonné de la difficulté du marathon, alors que je suis coureur à la base. Et dire que je suis en train de faire des calculs pour courir un marathon en moins de 4h45 ! Je rêve !

 

Ma stratégie de ravitaillement me convient, accompagnée des éponges distribuées régulièrement par les très nombreux bénévoles qui nous encouragent. Enfin le dernier tour, toujours au même rythme de 6’30 au kilo, c’est vraiment dur mais j’ai mon allure de croisière, je reçois mon 4è bracelet, je sais que je vais y arriver, il reste 6kms. Dernier aller-retour sur les quais, sur le pont en plein soleil, j’en vois en train de marcher avec un ou deux bracelets, je me dis que ça doit être dur pour eux, j’essaie de les encourager un peu. Je suis en route pour un marathon en 4h20mn.

Je passe une dernière fois devant le ravitaillement RedBull (!) que je n’aurai pas essayé, il reste 2kms, et je cours encore, sur le dernier kilomètres les gamins qui voient que j’ai 4 bracelets me tendent la main, je tape dans les paumes, c’est énorme ce qu’il m’arrive, la gorge se noue, l’émotion…

J’aperçois les tribunes, le dernier virage, la dernière ligne droite, l’énorme chrono, le "M dot" géant du logo IronMan, mon nom s’affiche, je vais être Ironman, ca y est, c’est incroyable, c’est magique… 12h32 de course… je suis IRONMAN !

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